Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'ai tué Dieu
1 octobre 2011

Les oisifs migrateurs

La Paresse enseignée à l'école

 

La veille d’hier m’annonçait-on qu’un blocus serait organisé à mon lycée et, alors que seule la crise qui ne nous concerne pour le moment qu’à moitié, jeunes mineurs sans aucune espèce d’autorité, je ne parvenais pas à deviner quelle pouvait en être la cause. En somme, cette journée était de celles qui sont imperturbables, figées dans ma plénitude. Il y a tant de raisons pour lesquelles je monterais volontiers à une tribune montrer combien les jeunes ont un esprit qui pense, et même si c’est pour parler faux, ce serait au moins pour leur montrer la justesse de certaines de nos revendications. Mais, qu’on ne se trompe pas ; les politiques n’ont cure de ce qui se déroule dans les rues. C’est dans les structures législatives qu’il faut faire vibrer sa voix, par exemple, et il n’y a rien de moins législatif que la rue où sont violées les lois édifiées pour qu’elles y soient normalement appliquées. L’acte de manifestation est noble, il prouve que la plèbe ne dort pas, mais il ne faut pas oublier que la majorité des hommes politiques ont été élus de la manière la plus démocratique, et que le peuple ne saurait se plaindre d’un candidat qu’il a placé au pouvoir. Il apprendra juste, mais il paraît ne pas le comprendre. Cependant, ce n’est pas pour aujourd’hui que les politiques doivent agir, c’est pour faire d’aujourd’hui les bases de demain. Alors, il est juste de contester les choix des politiques, mais il n’est pas forcément juste de le faire avec les moyens modernes qui sont ceux d’hier.

Donc, le veille d’hier, j’apprenais que le gouvernement allait supprimer un mois de vacances aux étudiants, ou plus précisément aux lycéens, apparemment. Je n’avais jamais entendu parler de cela. Est-ce que cela avait été un défaut d’attention de ma part ? Etais-je coupable de n’avoir pas accordé aux médias l’attention qu’ils méritent lorsqu’ils sont fiables ? Pas le moins du monde, mais qu’importe puisque le lendemain, j’allais en cours en ayant déjà oublié cette histoire qui ne m’intéressait que vaguement. Ces plaintes ne seraient qu’une formalité. Il ne s’est rien passé à mon lycée et, ce matin, on m’a indiqué que le lycée d’une ville voisine a été la triste victime d’un blocus qui s’est ponctué par du vandalisme. Une voiture brûlée. C’est un constat qui paraît creux et anodin, parce que les médias participent à la vulgarisation de pareils événements en affichant, à chaque début d’année, des images de feux de joie ayant eu lieu durant le nouvel an dans des cités qu’il ne serait pas de bon aloi de recommander à de respectables gens. Le message conserve pourtant toute sa gravité : la violence est une arme de contestation. Comment appelle-t-on le fait de brûler une voiture pour manifester son désaccord ? De l’engagement politique ? Du militantisme ? Un acte criminel. Jusqu’à preuve du contraire, le code pénal condamne tout acte physique qui nuit ou est susceptible de nuire à autrui. Or, n’est-ce pas nuire à autrui que de lui ôter un bien pour lequel il a peut-être pris un crédit ? Pour lequel il a dépensé un argent qu’il a gagné par son seul mérite ? Est-ce normal de tolérer des manifestations violentes ? Est-ce alors plus normal encore qu’on entende des discours dans lesquels on accuse les forces de l’ordre de régler ces violences dans le chaos ? La logique veut que dès qu’on peut parler de cause, cela suggère qu’il y a une conséquence. Mais, l’honneur est sauf, il serait possible qu’il s’agisse d’éléments externes. Néanmoins, les blocus ne sont-ils pas la preuve que ces personnes qui hurlent à la dictature dans la rue ne sont pas plus respectueuses envers la démocratie ? C’est mon droit d’aller en cours, et le leur de ne pas y aller s’ils le veulent. En m’empêchant d’aller en cours, ils n’obtiendront de moi que de la suffisance et un jugement en leur défaveur. Comment pourrais-je les prendre au sérieux ? Ce n’est pas devant leur lycée que s’organisera la révolution. Qu’ils soient heureux que je préfère les ignorer car, dans des esprits plus faibles, ils auraient seulement engendré un mépris tel que les individus contaminés auraient préféré s’opposer à eux. Bataille cyclique et infernale.

pascontent

Du Chaos ne naît pas toujours l'Ordre.

Soit dit en passant, je ne cautionne pas davantage le recours à la force de la part des « gardiens de la paix » -cette appellation m’a toujours fait penser à une métaphore des « anges » comme « bras armé de Dieu », où la divinité est l’Etat Omnipotent-, puisque c’est assez ironique qu’un Etat réprime le peuple qui le façonne en lui tapent dessus, que la violence des pseudo-manifestants que je condamne. Dans ce fait divers, je ne sais pas exactement ce qui me surprend le plus. Il est utile de savoir, et vous ne l’ignorez sans doute pas, que c’est le fruit d’une vaste désinformation. Il a été, dans le gouvernement, que la question serait abordée et débattue. Facebook et les SMS furent les infâmes complices de cette machination maléfique ! Ce qu’on constate, c’est que les jeunes sont les plus facilement influençables et qu’ils considèrent toutes les rumeurs, acquises, et tous les ouï-dire, des faits avérés. Ils font, des opinions, des connaissances et ils ont définitivement tort.

Mais, en fait, je crois que ce qui me surprend le plus, c’est ce qui a poussé ces lycéens, ignorants de surcroît comme nous l’avons préalablement vu, à agir. La suppression d’un mois de vacances. C’est l’intitulé : notre mois de vacances nous restera. Immédiatement, le plus grand nombre a pensé qu’on voulait supprimer un mois de vacances d’été. Manque de réflexion : il est possible, s’il avait vraiment été question de la suppression d’un mois entier, que ce mois soit pondéré par rapport à l’ensemble du temps de vacances scolaires, ce qui aurait équilibré toutes les vacances entre elles sans trop dévorer l’été. Pour des vacances ! Les lycéens ont environ 104 jours de vacances par an, avec une moyenne de 29h de cours par semaine. Est-il normal de se répandre dans les rues comme la peste alors que les lois du travail ne nous autoriseront, plus tard, que 35 jours de congés payés, plus tard ? Ca ne change de manière durable à la vie des lycéens, ils auraient encore plus du double. De toute façon, je ne pense pas que ce soit une mesure économiquement viable pour l’Etat, puisqu’ils ont besoin d’argent et que les vacances scolaires en rapportent sans doute énormément, et qu’avoir plus rapidement une main d’œuvre qualifiée en augmentant le nombre d’heures de cours par année scolaire ne servirait à rien, puisque l’offre ne serait pas assez grande pour satisfaire la demande dans certains domaines. Alors, je doute que ce soit un jour adopté, surtout que les Français n'aiment pas qu'on change leurs petites habitudes !

Au final, des opinions politiques, plus que de vraies convictions démocratiques, lancées par des gens peu scrupuleux, ont infiltré un large réseau de jeunes à travers la France. Et ils exécutent, comme dans toute société agraire. Comme dans toute société humaine. La moitié des jeunes qui participaient aux blocus contre la retraite ne comprenaient déjà pas tous les enjeux de cette réforme –ne me faites pas dire ce que je n’ai dit, je ne me suis pas prononcé quant au fait qu’elle soit louable ou détestable-, et, bien qu’augmenter à 41 ans la durée de cotisation des retraites ne me paraisse pas alarmant pour le moment, j’ai compris qu’on puisse trouver cela révoltant.

societeagraire

Ce qui compte, c'est une interprétation juste, n'est-ce pas ?

Quant à Fillon qui propose d’établir l’âge du départ à la retraite à 67 ans, conformément à ce qui a lieu en Allemagne, j’entends déjà gronder des « c’est une honte ! » masqués par les lamentations. Ce qu’on oublie de dire, c’est que le gouvernement veut augmenter la durée de cotisation et repousser l’âge du départ à la retraite alors que nous avons déjà l’une des durées de cotisation les plus longues en Europe, mais nous avons paradoxalement l’âge de départ à la retraite le plus jeune (hommes et femmes confondus, car en Roumanie les femmes partent à 58 ans, alors que dans d’autres pays de l'Union Européenne, qui ne sont pas les plus nombreux, elles ne peuvent partir qu’à 60 ans, avec un âge plus avancé pour les hommes). Méditons tous cela, car le moment venu, il faudra se faire entendre du bon côté ! Entendez par là celui de la raison, pas de la facilité et ça demandera peut-être plus d'effort de s'y opposer que de la subir.

C'est comme ça...

Publicité
Commentaires
J'ai tué Dieu
Publicité
J'ai tué Dieu
  • Les regards multiples d'un jeune homme sur le monde comme prisme pour contempler le monde. Les litanies et inepties d'un esprit encore endormi qui n'attend de ses réflexions qu'un éveil, une ascension gouvernée par l'Art et ce qu'il y a de plus humain.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Publicité